1 février 2008

Les Malins du Midi

Le procès de Pierre Meneton fait figure de symbole. Attaqué par les industries salines pour avoir dénoncé les méfaits de l'excès de sel dans les aliments et la désinformation à laquelle se livrent ses opposants, son combat fait figure de symbole pour nombre de combats «citoyens».
Hier, devant le tribunal de grande instance de Paris, à l'ouverture de son procès, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées pour affirmer leur soutien au chercheur de l'Inserm. Ils profitent de l'occasion pour dénoncer les pressions dont sont victimes les «lanceurs d'alertes» sur les dérives agro-alimentaires.
Parmi eux, Gille Lemaire, ancien secrétaire national des Verts et faucheur volontaire. Sous une pancarte «Informer n'est pas diffamer», il milite pour que «ces lanceurs d'alertes ne soient plus poursuivis et, au contraire, reconnus comme des gens qui remplissent leur rôle de citoyen».
Dans la salle de la 17e chambre d'audience du tribunal, sur le banc des accusés, outre Pierre Meneton, le rédacteur en chef et un journaliste du magazine «TOC», dans lequel le scientifique a commis ses déclarations.
Face à eux, des industriels du sel, notamment les Salines de l'Est et les Marais salins du Midi - que le procureur a heureusement renommé d'un lapsus «les Malins du Midi», provoquant les rires de la salle, toute acquise à la défense. 
Dans le public, le Professeur Patrick Vexiau, chef du service de diabétologie à l'hôpital Saint-Louis et secrétaire national de l'Association française des diabétiques (AFD). Avec son association, il soutien le combat de Pierre Meneton car «ce procès est le procès de la surdose de sel qui est l'une des principales causes d'hypertension. Or, 60 à 70% des diabétiques souffrent d'hypertension.» 
Il milite pour que la prévention soit mise en avant, «sinon, nous allons droit vers une catastrophe sanitaire. Il faut que les pouvoirs publics prennent conscience de ces risques et fassent pression, par la loi, pour que l'on ait une réelle information sur ce que l'on mange, dans la pub et sur les étiquettes.» Il rappelle enfin que «90% du sel que l'on mange est du sel caché, dans les aliments, et pas le sel que l'on rajoute à la maison».
Alors que le procès s'embourbe dans certains détails procéduriers, une gracile jeune femme en profite pour s'interroger sur l'opportunité de la plainte des industriels. «Je ne comprends pas leur action. Qu'ils gagnent ou qu'ils soient déboutés, ils vont mettre sur la place publique un débat qu'ils sont sûrs de perdre médiatiquement.»

source : Libé

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